Pour étoffer sa réflexion sur une notion aussi fondamentale que complexe pour la théorie de l’art, l’équipe LexArt a invité deux spécialistes du dessin : Lizzie Boubli, conservateur associée au musée du Louvre et chercheur (CNRS) et Ilaria Andreoli chercheur (CNRS), toutes deux membres du projet DIGA – Données Internationales de Génétique Artistique (ITEM).
Après une présentation des deux projets et de leurs approches respectives, des problématiques communes émergent comme la difficulté de rendre compte, à travers une base de données, des sens mouvants des termes et de leurs traductions qui évoluent d’une langue à l’autre, d’une période à l’autre. Les deux équipes partent ainsi du terme du dessin pour illustrer cette question qui est au cœur des enjeux scientifiques du projet LexArt. Deux regroupements se détachent peu à peu, avec d’une part le dessin compris au sens de l’Idée et de l’Invention, et d’autre part le dessin en tant qu’étape concrète de la genèse de l’œuvre à l’image de l’ébauche, de l’esquisse. Des distinctions qui conduisent alors à la constitution de familles de termes telles que la composition, la disposition, l’esprit ou le jugement du peintre, l’imagination et la notion de génie, qui relèvent de la conception de l’œuvre d’art d’une part, et d’autre part, la ligne, le trait, le contour, qui participent à la fois à la matérialité de l’œuvre mais aussi à l’apprentissage du peintre. En prenant exemple sur ces grandes catégories, le porteur de projet propose de travailler à l’élaboration de champs conceptuels qui permettent de structurer les données du futur outil numérique tout en mettant en lumière des familles de termes qui rendent compte des rapprochements ou au contraire des ruptures qui s’opèrent peu à peu chez les différents auteurs. Ces recherches de champs conceptuels s’effectueront dans un premier temps en partant d’ouvrages précis pour ensuite mesurer leur pertinence sur l’ensemble de notre corpus.
Une dernière partie de séminaire est consacrée aux ouvrages dits « à contenu textuel réduit », comme ceux de Gérard Audran, de Crispijn van de Passe, de Johann Daniel Preissler ou encore de Charles Errard et de Charles Perrault. Tous sont examinés et chacun rattachés à des termes précis en lien avec les illustrations et les quelques parties de textes qu’ils présentent. Les proportions du corps humain mesurées sur les plus belles figures de l’antiquité d’Audran sera ainsi associé aux termes « proportion » et « antique », le Gründliche Anleitung welcher man sich im Nachzeichnen schöner Landschaften (…) de Preissler sera pour sa part rattaché aux termes « paysage » puis « proportion ».